Des solutions de financement viables - Désamiantage des toitures agricoles et des chais

Il y a 1 année 817

Le désamiantage des bâtiments agricoles et viticoles en service ou désaffectés est un sujet qui préoccupe. Quelle que soit la nature des travaux de désamiantage, le viticulteur ne peut rien faire lui-même : il doit faire appel à une entreprise certifiée, et s’assurer de l’élimination des déchets dans une filière adaptée. Concernant les coûts exorbitants, rien n’est prévu pour l’accompagnement.

Une réglementation sanitaire à moyen terme (pour 2025 ?) pourrait imposer une obligation de désamiantage des bâtiments qui abritent des productions à destination de la consommation humaine. C’est le cas pour les chais recouverts de fibro ciment amianté. Or le contexte actuel a prouvé que de telles injonctions sanitaires peuvent prendre effet rapidement !

Un bref calcul indique que la découverture revient à 32 €/m2 de tôle amiantée. Pour la recouverture, il faut encore ajouter 16 €/m2 pour les fournitures d’une couverture bac acier, sans compter la pose… L’idée serait alors d’autofinancer ce désamiantage par une couverture photovoltaïque. Les opérateurs prennent en charge la totalité du chantier (désamiantage, dépose des tôles, remplacement par une nouvelle couverture et installation des panneaux). Toutefois, le photovoltaïque concerne en général la moitié de la toiture bien exposée. L’opération financière s’avère donc périlleuse, et ne répondrait pas complètement à la question sanitaire de l’amiante, puisqu'elle ne concernerait que les faces sud bien exposées.

Certains agriculteurs habitués à autoconstruire des bâtiments demandent officiellement à effectuer la découverture des tôles de fibro-amiante pour les disposer en palettes sécurisées. Cette opération pourrait être assumée par l’agriculteur sans risques de diffusion de fines particules dans l’atmosphère, dans l’hypothèse où les tôles ont encore leur intégrité structurale. Mais pour l’heure, cette déconstruction est réservée à des ouvriers formés au risque amiante SS4 (sous-section 4 du Code du travail, qui recense les obligations de l’employeur face au risque amiante). L’économie sur cette opération rendrait l’opération finançable jusqu’à la mise en site des déchets ultimes, selon les agriculteurs.

Mais dans l’hypothèse où ils devraient financer la totalité du chantier, sans possibilité d’autodémolition, alors un soutien financier est obligatoirement nécessaire. En France, un sondage réalisé par le site Web agri révèle ainsi que « 81 % des éleveurs affirment détenir encore des toitures et bardages contenant de l’amiante », sans compter les friches agricoles laissées à l’abandon. Deux régions au moins ont mis en place des solutions de soutien au financement. La région des Pays de la Loire a reconduit un appel à projets dans le cadre du plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles – volet élevage, pour moderniser des bâtiments d’élevage. Cet appel à projets est inscrit dans le programme de développement rural de la région. Et, en Bretagne, région particulièrement concernée, l’Ademe a aussi lancé un appel à projets « pour expérimenter dans dix exploitations agricoles la déconstruction, puis la reconstruction de ces bâtiments. L’objectif est de définir une méthodologie qui nous permettra d’aider les propriétaires à financer ces travaux très coûteux », a expliqué Jimmy Pahun, député du Morbihan, en mars 2021.

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