Nouvelles technologies - Vrai-faux sur les robots viticoles

Il y a 2 années 1129

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Alors que des constructeurs présentent leurs prototypes, d’autres sont désormais en phase de commercialisation. Les robots arrivent, un à un, dans les vignobles. Réponses à quelques-unes des questions que vous vous posez.

Les robots viticoles sont tous électriques ?

FAUX. Dans le monde agricole et notamment viticole, l’offre est plurielle concernant l’énergie utilisée par le robot.

Ted de Naïo, Bakus de Vitibot, Vitirover sont 100 % électriques, dotés de batteries.

Le robot Trektor de Sitia est hydride, associant une motorisation électrique et thermique diesel.

Les robots Céol, Yanmar et Traxx sont ou seront des robots thermiques.

Dans cette liste de robots, tous ne sont pas encore commercialisés. Sont disponibles à l’achat ou en location : Bakus, Vitirover, Ted, Trektor et Traxx depuis le Salon Sitevi.

Il faut un opérateur à proximité du robot ?

FAUX et VRAI. Certains robots sont aujourd’hui capables de travailler sans un opérateur à proximité. D’autres en nécessitent un. Stéphane Duran, responsable de projet de l’association Robagri précise : « Cette responsabilité du constructeur est décrite par la directive machine 2006-42, texte réglementaire européen de référence. Le choix est validé par l’analyse de risque menée par le constructeur. Elle est inhérente aux caractéristiques du robot, à son usage et aux conditions d’utilisation. »

C’est donc le constructeur qui détermine si un opérateur à proximité du robot est nécessaire pour assurer la sécurité des usagers. Autrement dit, chaque industriel détermine les conditions d’usages de son robot et engage sa responsabilité sur ce cadre.

Pour le printemps 2022, l’entreprise Naïo a déclaré être en mesure de proposer un robot viticole Ted sans supervision humaine dans les vignes. Ce sera en France une première pour les robots enjambeurs. « Nous avons dû repartir d’une feuille blanche, refaire nos analyses de risques et inventer des dispositifs particuliers pour gérer notamment les deux problèmes majeurs : entrer en collision avec une personne et sortir de la zone de travail autorisée (sortir du champ et aller sur une route par exemple), indique Cédric Seguineau, responsable qualité, sécurité et environnement chez Naïo Technologies. Au printemps, les systèmes de détection d’obstacles et d’identification de Ted seront capables de distinguer un humain d’un pied de vigne, même dans la végétation. Aussi, nos modules dits de "geofencing" assureront que le robot reste à chaque instant dans une zone délimitée par l’utilisateur. »

Les robots peuvent faire d’autres opérations que le travail du sol ?

VRAI. Si des robots ont été lancés équipés d’outils de travail du sol pour le cavaillon, l’offre actuelle est désormais un peu plus étoffée. Le robot interligne Céol, qui sera commercialisé en 2023, peut tracter un broyeur à entraînement hydraulique, un rouleau, un cadre avec des dents. Le robot Trektor de Sitia permet, par exemple, d'atteler un semoir à engrais.

Récemment, Vitibot a équipé son robot Bakus d’une rogneuse-écimeuse monorang et réfléchit à l’arrosage autonome des complants.

D’ici à 2022, des robots devraient pouvoir pratiquer la pulvérisation. C’est en tout cas ce qu’annonce Exxact Robotics pour son robot Traxx. Il sera équipé d’une pulvérisation confinée Panel Jet de Tecnoma. Devraient ensuite suivre en 2023 les offres de Yanmar et de Vitibot sur leurs robots respectifs. De son côté, Sitia est en phase test avec des solutions de pulvérisation d'outilleurs reconnus.

Les robots sur le marché sont polyvalents ?

ÇA DÉPEND. Le robot tondeur Vitirover, comme son nom l’indique, a été conçu pour tondre les enherbements dans les vignes. Il s’acquitte donc de cette tâche et seulement de celle-ci. Idem pour le robot Yanmar et la pulvérisation électrostatique.

D’autres robots sur le marché sont polyvalents avec des degrés différents.

Sur le robot électrique Ted, la polyvalence est dans la diversité des outils de travail de sol. Ce robot peut recevoir des outils passifs comme des doigts Kress, des interceps mécaniques, des disques crénelés ou émotteurs.

Le robot Bakus de Vitibot peut recevoir des outils électriques ou passifs pour l’entretien du cavaillon et de l’interrang. En théorie, ce même robot peut être équipé d’une rogneuse et prochainement d’une cellule de pulvérisation. En pratique, il faudra voir la facilité avec laquelle les équipements pourront être interchangés sur une campagne.

Exxacts Robotics avec le robot Traxx fait un autre choix : il y aura des Traxx pulvérisateurs et des Traxx pour le travail du sol. Sur ce dernier modèle, des outils hydrauliques ou passifs interceps présents sur les domaines pourront être positionnés sur le robot.

Le robot hybride Trektor a été conçu pour être polyvalent : il s’adapte aux différents vignobles grâce à sa voie et sa hauteur variables, et peut passer en interligne ou en enjambeur. Le tracteur possède un attelage 3 points catégorie 2 à l’arrière, des bras de relevage entre les roues, ainsi que des alimentations électriques et hydrauliques dédiées aux outils, permettant d’atteler une gamme variée d’outils du commerce.

Le robot thermique Ceol d’Agreenculture peut recevoir, quant à lui, des outils hydrauliques et mécaniques sur le montage 3 points arrière comme des charrues ou des broyeurs-tondeuses. 

Une couverture 4G est nécessaire dans les parcelles ?

ÇA DÉPEND. Pour piloter le robot à distance, par exemple pour le guider manuellement jusqu’à la remorque de transport, un échange de données entre le robot et la commande est nécessaire. Le transfert peut se faire par un réseau mobile comme le 4G ou par un signal radio (Lora ou Sigfox). Certains constructeurs ne passent que par les réseaux mobiles quand d’autres associent les deux possibilités.

Toutes les vignes sont robotisables ?

FAUX. Et le frein principal relève de la topographie des parcelles. Comme pour la mécanisation des travaux en général, la pente et le dévers sont des obstacles à la robotisation. Les parcelles trop escarpées sont difficilement robotisables, surtout celles en dévers.

Néanmoins, des robots s’avèrent plus agiles que les tracteurs dans de nombreux cas.

Le robot enjambeur Bakus est annoncé comme supportant en combiné jusqu'à 45 % de pente et 15 % de dévers. Sur le site Internet de Vitibot, une vidéo tournée au Château de Santenay en Bourgogne montre Bakus travaillant le sol dans une parcelle à 38 %. Du côté de Yanmar, le robot YV01 supporterait une pente jusqu’à 45 degrés et corrige un dévers maximal de 19 %.

Les robots tondeurs Vitirover sont adaptés à des parcelles ayant une pente maximale de 15 %.

Il faut un permis pour piloter un robot ?

FAUX. Piloter un robot ne nécessite pas de permis. En revanche, il en faut un pour conduire le véhicule servant à déplacer le robot.

La circulation autonome des robots se fait grâce à un signal GPS ?

VRAI. Tous les opérateurs utilisent le système de localisation et de navigation américain, seul ou combiné. On parle alors de GNSS. Ce système associe plusieurs systèmes à couverture mondiale, comme le système GPS américain, le système russe Glonass et le système européen Galileo.

Quoi qu’il en soit, le GPS ou GNSS-RTK permet un positionnement géospatial du robot avec une précision centimétrique.

Mais, avant de faire circuler un robot dans une parcelle, celle-ci doit être arpentée.

En théorie, les robots pourraient passer par d’autres systèmes, comme le lidar, pour circuler de manière autonome. Le lidar est une méthode de télédétection et de télémétrie semblable au radar, mais qui émet des impulsions de lumière infrarouge, au lieu d'ondes radio, puis en mesure le temps de retour après avoir été réfléchies sur des objets à proximité.

Des constructeurs, en plus d’un système de géolocalisation, dotent les robots de capteurs Lidar pour affiner la position du robot par rapport aux pieds de vigne.

Les robots peuvent circuler entre les parcelles ?

FAUX. Si, pour cela, le robot doit passer sur la voie publique. Dans la réglementation française actuelle, les robots ne sont pas des véhicules. Ils ne peuvent donc pas circuler sur les voies publiques, même pour faire un demi-tour. D’une parcelle à l’autre, le robot doit être transporté, par exemple dans une remorque.

Les membres de Robagri mènent une action auprès des ministères pour expérimenter à court terme la traversée sécurisée de chemins ruraux en mode manuel et le demi-tour en mode autonome.

VRAI. Si les parcelles sont reliées par des chemins privés.

ROBAGRI. Bien que concurrents sur les produits, les constructeurs de robots sont par ailleurs alliés. Réunis dans l’association Robagri, ils travaillent ensemble à faire évoluer, clarifier ou créer la réglementation, au niveau français et européen. Interlocuteur des pouvoirs publics, Robagri favorise les transferts de technologie tout en produisant des connaissances et des méthodes communes sur des thèmes transversaux comme l’adaptation des robots aux besoins des agriculteurs, la normalisation, la sûreté et les essais. Robagri compte 73 membres, start-up, fabricants industriels et laboratoires de la robotique tout en associant les filières agricoles.

Combien coûte un robot ?
Pour évaluer l’investissement que représente l’acquisition d’un robot, plusieurs éléments sont à prendre en compte. D’abord, le prix du robot puis des outils s’ils sont spécifiques au robot.
Pour donner des idées, le robot Bakus L mis en « route » est annoncé aux alentours de 120 000 euros sans équipements. Dans sa version présérie travail du sol, le robot Traxx coûte à 126 000 euros, livré avec les lames interceps et les disques émotteurs Braun.
Pour un guidage GPS, un arpentage de chaque parcelle robotisable est à réaliser. Cette prestation a, elle aussi, un coût.
Ensuite, des constructeurs comme Vitibot et Exxact Robotics demandent un contrat de service à partir de la deuxième année d’exploitation du robot. Il comprend notamment les mises à jour du robot et des abonnements réseau. Le prix de ce contrat est de 4 800 euros par an chez Vitibot, 4 000 euros par an chez Exxact Robotics.
Vitirover a choisi un modèle différent. Les robots tondeuses sont uniquement à louer. « Le client paie une prestation, à savoir un coût annuel à l’hectare. Il n’investit ni dans le matériel ni dans son entretien », détaille Arnaud de la Fouchardière, de Vitirover. Les robots sont pilotés et gérés par des « bergers », techniciens formés et employés par la société bordelaise.

La réponse de Groupama : une assurance particulière est nécessaire lorsque l’on devient propriétaire d’un robot ?
À ce jour, Groupama assimile les robots autonomes à des véhicules terrestres à moteur. Groupama recommande de soumettre ces matériels à l'obligation d'assurance de responsabilité civile « automobile » concernant les dommages causés aux tiers (article L. 211-1 du Code des assurances), par exemple à un autre salarié travaillant à proximité du robot.
Cette responsabilité civile est comprise dans les contrats dits « TMA » (tracteur et matériel agricole) de Groupama. Ces contrats comportent aussi des garanties dommages pour couvrir les dégâts que pourrait subir le robot.

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