Signaux GPS - Quel signal choisir pour faire de l’autoguidage des tracteurs vignerons?

Il y a 2 années 1212

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Glonas, Egnos, SF1, SF3, RTX, RTK… vous avez sans doute déjà entendu tous ces sigles si vous vous êtes intéressés de près ou de loin au guidage. Mais à l'heure de franchir le pas, il n'est pas toujours évident de faire son choix ! 

Choisir le bon signal est sans doute l'étape la plus complexe. Il faudra s'y retrouver entre précision au sol, dérive et répétabilité. « En viticulture, je préconise de partir directement sur du RTK pour faire de l’autoguidage, explique Nicolas Bedrune, coordinateur chef produit chez Same/Deutz-Fahr. Même si d’autres signaux sont capables de fournir une précision de l’ordre de 3 cm, le RTK est le seul signal à être répétable dans le temps. Ainsi, une fois que les lignes seront enregistrées dans la console, elles ne bougeront plus du tout. Tandis qu’avec un signal, même précis, mais qui n’offre pas de répétabilité, la ligne va bouger de quelques centimètres de façon régulière, et devra être recalée manuellement afin d'éviter d’endommager les rangs de vignes. »

Conseil que rejoint parfaitement Antoine Brissart, chef de produit tracteur chez Fendt : « Si le souhait de l’exploitant est uniquement d’avoir une console de guidage qui lui permet de “colorier” les rangs qu’il a déjà travaillés, ce qui est particulièrement utile en pulvérisation de nuit par exemple, le signal gratuit Egnos, qui offre une précision de 15 à 20 cm et n’offre pas de répétabilité, est une très bonne alternative. Mais pour faire de l’autoguidage, le RTK est bien la seule solution en matière de signal GPS. »

Le RTK radio en perte de vitesse ?

Pour recevoir le RTK dans son tracteur, deux solutions s’offrent à l’utilisateur : utiliser une balise fixe, présente à proximité des parcelles, ou prendre un abonnement pour recevoir la correction RTK par le réseau mobile. Dans la première solution, la correction est calculée par une balise mobile ou fixe. Le message de correction est transmis par un signal radio, d’où la nécessité qu’elle se situe à proximité́ du tracteur (moins de 15 km).

« Il reste toujours deux solutions qui s'affrontent sur le marché, confirme Thomas Sallembien, responsable régional des ventes chez Trimble France. Chacune offre une précision de l'ordre de 2 à 3 cm, avec une répétabilité dans le temps. La première est le RTK radio, qui perd du terrain. Nombreux sont les concessionnaires qui ont monté un maillage important de balise RTK, il y a bientôt une douzaine d'années. Cette solution implique de débloquer sa console, de l'ordre de 4 000 à 5000 euros, et d'avoir deux antennes sur le toit : une pour les satellites et l'autre pour la radio. Mais aujourd'hui, les installations sont vieillissantes, avec un coût d'entretien élevé, et nombreux sont les utilisateurs à se tourner vers du RTK par téléphone ou satellite, technologie qui n'existait pas à l'époque. »

Peu de zone blanche pour le RTK mobile

Dans le cas du RTK par téléphone, l'utilisateur possède un modem en cabine qui reçoit une carte SIM. La correction est calculée par plusieurs balises de références intégrées dans un réseau. Dans ce cas, les balises peuvent être distantes de 60 à 100 km l’une de l’autre. Plus les balises sont éloignées du tracteur, plus il faut multiplier leur nombre pour conserver la précision de la correction. « Chez Case IH et New Holland, nous favorisons cette solution, explique Nicolas Camus, spécialiste agriculture de précision pour le Sud-Ouest de la France pour CNH industrial. En cabine, un modem est installé, qui reçoit une carte SIM multi-opérateur. En France, nous avons déployé un réseau suffisamment dense de 172 balises qui nous permet de couvrir l’ensemble du territoire, avec une distance maximum de 70 km entre deux balises. Nous proposons un abonnement à 550 € l’année, ou 1250 € pour trois ans. Et même si le réseau téléphonique est un peu faible dans certains endroits, il est très rare que le RTK mobile ne fonctionne pas. Nous pouvons passer par les trois opérateurs téléphoniques, et il nous suffit de trouver un signal qui correspond à du Edge lorsque vous vous connectez avec votre téléphone. Donc les zones blanches sont vraiment très peu nombreuses en France avec cette solution. C’est pourquoi elle gagne du terrain sur le RTK radio. »

Plantation : des vignes obligatoirement plantées en RTK ?
C’est une question qui revient souvent au moment de la réflexion d’achat : dois-je obligatoirement avoir planté mes vignes au RTK pour faire de l’autoguidage RTK dans les parcelles ? « La réponse est non, bien évidemment, répond catégoriquement Antoine Brissart, chef de produit tracteur chez Fendt. Si c’est le cas, il est possible de gagner du temps en récupérant directement les lignes RTK grâce à celui qui a effectué la plantation, mais si ce n’est pas le cas, il faudra juste réaliser un passage « à vide » dans la parcelle, pour enregistrer tous les rangs un par un. Dès que cette opération est faite une fois, il n’y a plus à le refaire. De même, si vous possédez plusieurs tracteurs en autoguidage, il est facile de s’envoyer les lignes d’une console à l’autre, donc pas besoin de refaire cette opération pour chaque nouveau tracteur équipé. À noter que nous disposons d’une nouvelle option, Single Contour Segment, qui permet de créer une ligne par rang. Une fois créée, la ligne de guidage est automatiquement détectée par le tracteur quand il se trouve à proximité. Cette option fait partie intégrante de l’option Contour Assistant. Elle est disponible de novembre 2021 d’usine ou en rétrofit sur tous les tracteurs Profi+ existant. »

Et pourquoi pas l'autoconstruction? Comme souvent en agricole, il existe une alternative pour faire baisser drastiquement le coût d’une solution complète d’autoguidage : l’autoconstruction. En effet, au niveau national, un réseau RTK gratuit est en train de se déployer : le réseau Centipède. Disponible sur Internet en open source, une solution complète existe pour réaliser soi-même un dispositif complet pour moins de 2 000 euros. Un récepteur sera alors associé à un Smartphone ou une tablette, pour prendre la main sur le tracteur. Diverses solutions existent sur le Web, mais un agriculteur canadien, Brian Tischler, a créé la solution open source AgOpenGPS, pour guider les gens qui veulent aller vers de l’autoguidage, mais à moindre coût.

Article paru dans Viti Leaders de mars 2022

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