Tracteur - "J’ai opté pour un enjambeur dans mes vignes semi-larges"

Il y a 3 années 999

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Deux vignerons, François Frézouls, dans l’Hérault et Sébastien Régnier, en Meurthe-et-Moselle, ont troqué leur tracteur interligne pour un enjambeur. Dans leurs vignes semi-larges, c’est un Caval 3.3 Evo de la marque GRV qui travaille.

Pourquoi avoir opté pour un tracteur enjambeur dans les vignes de vos deux domaines respectifs ?
François Frézouls :
Le domaine Enclos de la Croix compte 23 hectares plantés avec un écartement d’1,60 mètre entre les rangs. Au sol, nous maintenons un enherbement naturel, sauf sur le cavaillon qui est désherbé mécaniquement. Avec mon précédent tracteur, un interligne étroit, les roues passaient juste au niveau de la ligne de travail du sol, toujours au même endroit sur chaque rang. Cette pratique entraînait inévitablement une zone de tassement. La situation n’était pas satisfaisante, donc quand j’ai pu changer de tracteur, vingt ans plus tard, j’ai fait le tour des constructeurs pour voir comment le prochain pouvait m’aider à limiter les tassements. L’offre interligne, même sur les modèles les plus étroits, ne me satisfaisant pas, je me suis tourné vers les enjambeurs. J’ai exclu rapidement les châssis de machine à vendanger, trop lourds. Je me suis dirigé vers le tracteur enjambeur 3 roues motrices de l’entreprise GRV. J’ai particulièrement apprécié le poste de conduite central qui donne une excellente visibilité sur les outils de travail du sol. Côté poids, il pèse 3,2 tonnes, comme mon ancien interligne. Avec cet engin, les roues passent sur les parties enherbées et le poids est réparti sur 3 rangs.

Sébastien Régnier : Notre propriété s’étend sur 5,5 ha de coteaux dans le vignoble mosellan. En 2018, nous sommes passés d’un tracteur interligne à un tracteur enjambeur, avant tout pour des questions de sécurité. J’ai fait la dangereuse expérience de me retourner avec mon tracteur interligne. La santé n’a pas de prix, donc quand j’ai pu renouveler mon tracteur, c’est l’argument stabilité qui a prévalu et j’ai opté pour un enjambeur. Par ailleurs, nous avons plusieurs écartements sur le domaine. Dans mes vignes à 1,50, à 1,60 et à 1,80 mètre, même avec un tracteur interligne qui a une largeur hors tout de 1,07 mètre, le châssis frotte la végétation et tasse le sol juste au niveau du pied de vigne. Avec l’enjambeur, le tassement est moindre et dans le rang. Enfin, il n’y a pas de problème d’échaudage. Aussi, je souhaitais améliorer mon confort et la qualité de mon travail du sol. Avec la cabine centrale en hauteur, sans me tordre le cou, j’ai une très bonne vision sur mes outils interceps, ce qui n’est pas le cas avec un tracteur interligne étroit sur lequel je ne peux, dans mes vignes, qu’atteler mes interceps à l’arrière.

Le poste de conduite central en hauteur est particulièrement apprécié par les vignerons François Frézouls et Sébastien Régnier.

Quels travaux réalisez-vous avec votre enjambeur ?
F. F. :
En ce moment, l’enjambeur est utilisé pour le désherbage hivernal des cavaillons. Nous l’avons équipé pour cette fois de deux paires de disques émotteurs, ce qui permet de travailler deux rangs complets à chaque passage réalisé à 6 km/h. Nous passons aussi les traitements tous les trois rangs, le rognage avec un outillage attelé à l’avant et la tonte des inter-rangs.

S. R. : Avec l’enjambeur Caval 3 roues motrices, nous réalisons le travail du sol un rang sur deux, mais aussi le rognage et le désherbage du cavaillon. Pour le moment, nous sommes équipés d’uniquement une paire de décavaillonneuse et lame Souslikoff, ce qui nous permet de désherber un rang par passage. Mais prochainement, nous allons monter en débit de chantier en investissant dans une deuxième paire. Nous réalisons aussi la pulvérisation dans nos vignes en coteaux, en traitant trois rangs à la fois en face par face. Pour ce chantier, j’ai évalué la consommation de carburant à 7 ou 8 l/heure. C’est très raisonnable.

Des vignerons renoncent à investir dans des tracteurs enjambeurs dans leurs vignes semi-larges pour des raisons de prix. Pas vous ?
S. R. :
C’est moi qui conduis le tracteur sur l’exploitation. C’est mon outil de travail et je veux m’y sentir en sécurité, d’autant plus depuis mon accident de retournement. Le tracteur enjambeur Caval 3.3 Evo coûte à peu près comme un interligne Fendt. Donc à budget équivalent, j’ai préféré un outil stable et adapté à la topographie de mon vignoble.

F. F. : Sur le domaine, on renouvelle le matériel uniquement lorsque c’est nécessaire. Alors c’est sûr, le passage d’un interligne hors d’âge à un enjambeur neuf a représenté une dépense importante, mais nous allons l’amortir !

Article paru dans Viti Les Enjeux 33 de décembre 2020

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