Confinement et solidarité - Le domaine alsacien Achillée s'est transformé en œnothèque partagée avec 60 vignerons

Il y a 3 années 869

Pendant trois semaines, le domaine Achillée, en Alsace, s’est mué en œnothèque géante et partagée entre vignerons. Une solution solidaire pour répondre aux injonctions sanitaires liées à la Covid-19, tout en tentant de préserver ce qui peut l’être de l’activité de vigneron.

Le confinement a interdit aux visiteurs de venir déguster au caveau pour acheter du vin. Et de leur côté, les salons viticoles ont été interrompus. Comment, malgré tout, permettre aux professionnels de la restauration, aux agents, aux sommeliers, aux distributeurs de continuer à déguster, à s’informer, à découvrir des vins de vignerons ?

Notre caveau était fermé au public puisque les dégustations sont interdites, mais nous ne souhaitions plus subir le confinement comme la première fois, explique Pierre Dietrich, gérant, avec son frère Jean et son père Yves, du domaine Achillée, à Scherwiller, en Alsace.

On s’est dit : utilisons ce lieu pour la mise en avant des terroirs, comme simple vitrine, donc sans vente possible. Et puisque les salons sont interrompus, on a décidé de créer une œnothèque permanente et géante réservée aux professionnels. 

Pierre Dietrich et Émilie Cousin, du domaine Rieffel à Mittelbergheim, accueillaient les professionnels ce jour-là, pour les dégustations. Le domaine Achillée dispose d’un hall d’accueil de 200 m2, largement de quoi accueillir une dizaine de professionnels à chaque fois. Pendant trois semaines de confinement, en novembre dernier, il a donc été transformé en œnothèque permanente avec 270 références de 60 vignerons. Étaient présentés les vins de l’Avla (Association des vins libres d’Alsace), du grand cru frankstein et de l’appellation scherwiller.
Chaque jour, un domaine participant était commis pour accueillir et organiser la dégustation. Les vins étaient répartis dans le hall selon différentes thématiques : les bulles, les pinots noirs, les blancs classiques, les vins du frankstein et de l’AOP scherwiller. Mais également des bières artisanales locales, des vins à la pression, des eaux-de-vie, des jus de fruits, des vins orange, de macération, natures, bio, biodynamiques. L’objectif sanitaire visait à ce qu’il n’y ait pas plus de dix personnes en même temps dans le hall, soit 20 m2 par personne. Le but étant d’éviter d’avoir un cluster, et donc une concentration de professionnels. 

Plus de 500 professionnels de la restauration ont participé

Cette dégustation permanente était uniquement réservée aux professionnels, sur réservation et sur rendez-vous. « Très rapidement, l’information a circulé, mais on ne voulait pas d’afflux, ajoute Pierre Dietrich. Or, malgré le confinement et la fermeture des restaurants, les professionnels avaient conservé leur habitude de n’être disponible que les lundis. Il a donc fallu étaler dans le temps selon un planning par créneaux de deux heures. »

Au total, sur trois semaines, Pierre Dietrich estime avoir accueilli plus de 500 professionnels de la restauration de 80 établissements différents.

On a vu défiler des restaurateurs, notamment d'établissements étoilés, des débiteurs-distributeurs de boissons, et même quelques importateurs et agents boissons. 

L’offre très éclectique a été l’occasion pour certains d’entre eux de découvrir l’univers des vins naturels.

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